Burkina Faso : Hollande appelle les “forces impliquées” à déposer les armes.
Holland calls on insurgents to lay down their arms.
L’armée du Burkina Faso a annoncé lundi que des unités loyales au gouvernement de transition convergeaient vers Ouagadougou à la suite du coup d’Etat de la semaine dernière et elle a appelé les putschistes de la garde présidentielle à déposer les armes pour “éviter les effusions de sang”. Le président français a également appelé les “forces impliquées” à cesser le combat.
Le message a des airs d’avertissement. Plusieurs “chefs de corps de l’armée nationale”, fidèles au “gouvernement de transition”, ont demandé ce lundi aux putschistes de la garde présidentielle de “déposer les armes”. “Toutes les forces armées nationales convergent vers Ouagadougou dans le seul but de désarmer le Régiment de sécurité présidentielle (RSP – garde présidentielle)“, écrivent-ils.
“Sans effusion de sang“
Dans un communiqué signé par plusieurs chefs de l’armée, les militaires disent vouloir désarmer “sans effusion de sang” les soldats du Régiment de sécurité présidentiel, l’unité d’élite du président déchu Blaise Compaoré. Ils ajoutent que l’armée se porte garante de leur sécurité. Les médiateurs régionaux ont annoncé dimanche soir qu’un projet d’accord avait été rédigé pour mettre fin à la crise politique mais que celui-ci n’avait pas encore été accepté par les différentes parties.
Hollande demande la fin des affrontements
Dans un communiqué de l’Elysée, le président François Hollande a, lui, appelé “les forces impliquées dans le putsch” au Burkina Faso “à déposer immédiatement les armes et à rendre le pouvoir aux autorités légitimes“, faute de quoi “elles devraient en assumer toutes les conséquences“, avant d’ajouter que “la France se réservait la possibilité d’appliquer des sanctions contre ceux qui s’opposeraient à la tenue d’élections régulières“.
Trois colonnes armées
Selon une source militaire burkinabé, trois colonnes de l’armée loyale au régime de transition renversé par le putsch du 17 septembre, faisaient en effet route vers Ouagadougou. Ces trois colonnes proviennent de garnisons stationnées dans l’ouest du pays (Dédougou et Bobo Dioulasso), l’est (Kaya et Fada N’Gourma) et le nord (Ouahigouya), selon cette source.
Le RSP, unité d’élite forte de 1.300 hommes et ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, a renversé le régime de transition qui préparait la tenue d’élections générales prévues le 11 octobre. L’ancien commandant du RSP et bras droit du président Compaoré, le général Gilbert Diendéré a pris la tête des putschistes. Depuis ce putsch, l’armée régulière était plus ou moins restée l’arme au pied. Ce week-end, un projet de sortie de crise a été élaboré par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Il prévoit notamment l’amnistie des putschistes et la participation de candidats pro-Campaoré aux prochaines élections.
Burkina Faso : le président libéré par les putschistes
“En signe d’apaisement”, les militaires putschistes annoncent avoir libéré jeudi soir le président de la transition, Michel Kafando, et deux ministres. Quant au Premier ministre, il reste assigné à résidence. Ils ont également rouvert les frontières à la mi-journée.
Ils sont libres depuis jeudi soir, mais la télévision nationale ne l’a annoncé que ce vendredi midi : “en signe d’apaisement et d’intérêt général”, Michel Kafando, président du régime de transition, et deux ministres étaient otages des putschistes depuis mercredi. Le nouvel homme fort du pays, le général Gilbert Diendéré, a précisé que Michel Kafando était en bonne santé.
Quant au Premier ministre, Isaac Zida, il reste assigné à résidence. Pourquoi ? Parce qu’il est l’ex-numéro deux du RSP, le Régiment de sécurité présidentiel, à l’origine du putsch. Considéré comme l’homme de l’armée au sein de la transition, ses relations avec le RSP se sont rapidement dégradées, au point que les officiers supérieurs demandaient sa démission du gouvernement.
En signe d’apaisement également… les frontières terrestres et aériennes ont rouvert vendredi midi – elle étaient fermées depuis jeudi midi.
Le général Diendéré, lui, s’emploie à asseoir son pouvoir. Il recevait en fin de matinée deux chefs d’Etat ouest-africains : le président sénégalais, Macky Sall, dirigeant en exercice de la Cédéao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, et le président du Bénin Thomas Boni Yayi. Un choix pas innocent : Macky Sall avait déjà été l’émissaire de la Cédéao lors du soulèvement qui avait chassé Blaise Compaoré, et Boni Yayi était le médiateur de la Cédéao pour les élections prévues le mois prochain.