Serge Lazarevic, le dernier otage français, est libre
François Hollande a annoncé ce mardi la libération de Serge Lazarevic, le dernier otage français détenu au Sahel par Al-Qaïda au Maghreb islamique. Il avait été enlevé le 24 novembre 2011.
“Notre otage Serge Lazarevic, notre dernier otage est libre. La France ne compte plus d’otage”. C’est François Hollande qui a annoncé la bonne nouvelle dans une courte déclaration ce mardi midi, en marge d’une visite de la Garde républicaine à Paris. Le chef de l’Etat a répété plusieurs fois la phrase, comme pour marteler l’information attendue depuis des mois. François Hollande a par ailleurs remercié le président malien qui “s’est beaucoup mobilisé” pour cette libération.
“Aujourd’hui c ‘est la joie. La fille de Mr Lazarevic pourra le rejoindre dans les meilleurs délais à Niamey, la capitale du Niger” a indiqué François Hollande. Il a par ailleurs précisé qu’il accueillerait Serge Lazarevic à son retour en France. L’Elysée a dans la foulée précisé que Serge Lazarevic, âgé de 50 ans, était “en relativement bonne santé, en dépit des conditions très éprouvantes de sa longue captivité”. Il avait été enlevé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) le 24 novembre 2011 à Hombori au Mali.
Une libération pressentie depuis plusieurs jours
Lundi, le site sahelien.com avait fait état d’une possible libération de l’otage français en échange de “prisonniers d’AQMI détenus à Bamako”. Des prisonniers qui auraient été transférés au Niger samedi dernier. Et ce matin, ce même site avait annoncé que cette libération “serait officialisée” ce mardi.
Dans une vidéo rendue publique le 17 novembre dernier, Serge Lazarevic avait demandé à François Hollande d’intervenir pour sa libération : “Je vous demande, monsieur le président, de tout faire pour ma libération car vous êtes responsable de tout ce qui m’arrivera (…) Je suis le dernier. J’espère ne pas être le huitième sur la liste des Français tués dans le Sahel.”
En arrivant en Australie le lendemain, le chef de l’Etat avait assuré que les négociations continuaient pour obtenir la libération de Serge Lazarevich. La France “passe toujours par d’autres États, d’autres autorités si on veut avoir quelque chance de pouvoir faire passer des messages”, avait-il expliqué. “Je suis prudent” et “je ne veux pas donner de faux espoirs“, avait-il déclaré quelques jours plus tard.
Enlevé en compagnie de Philippe Verdon
Libération des otages français : la méthode Hollande
Depuis le début de son quinquennat François Hollande a annoncé la libération et a accueilli 17 otages français. Un succès qu’il doit à une méthode qu’il a imposé : laisser les acteurs locaux faire leur travail, sans intervenir.
François Hollande a annoncé ce mardi la libération de Serge Lazarevic, retenu au Sahel depuis trois ans. Depuis le début de son quinquennat, il en aura annoncé des libérations, et il en a accueilli des otages libérés. 17 en tout. A commencer par la famille Moulin Fournier un couple avec ses quatre enfants et l’oncle enlevés par la secte islamiste Boko Haram au Cameroun libérés après deux mois en avril 2013. Idem pour le père Vandenbeush aux mains de Boko Haram libéré un mois et demi plus tard dernier jour de l’année 2013.
On peut citer aussi la libération de quatre journalistes otages en Syrie Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres libérés le 19 avril 2014. Il y a surtout eu le 30 octobre la libération surprise de ceux qu’on appelle les otages d’Arlit après trois ans de détention au nord Niger.
Une “Françafrique améliorée”
Y a-t-il une méthode Hollande pour réussir autant de libérations ? Oui répond sur France Info le spécialiste du terrorisme Mathieu Guidère. “Il y a une méthode Hollande basée sur des acteurs locaux, c’est-à-dire sur la délégation de la totalité du processus de négociation, de détection, identification des acteurs, marchandage et négociation“.
Des acteurs donc strictement “locaux” sans intervention de Paris et “sans les acteurs que l’on connaissait auparavant“, précise le spécialiste qui estime qu’il s’agit “d’une version améliorée de la Françafrique puisque l’on s’appuie sur les présidents à vie africains et avec leurs connexions mais on s’interdit d’avoir des intermédiaires qui pourraient court-circuiter le processus“. Une méthode “très artisanale mais très efficace“.
Dorothée Moisan, journaliste de l’Agence France Presse auteur deRançons : enquête sur le business des otages, souligne quant à elle “dans le communiqué de François Hollande, les autorités malienne et nigérienne ont été mises en avant comme s’il avait besoin de les remercier“. D’où vient l’argent ? Cela a un peu changé depuis deux ans : “Depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir, la France a changé sa politique, a décidé de ne plus verser de rançon venue des caisses de l’Etat français“, dit Dorothée Moisan.